Mer Rouge : attaques de navires marchands et conséquences sur le fret maritime
En juillet 2025, de nouveaux navires ont été attaqués en mer Rouge. Le contournement du canal de Suez par le cap de Bonne-Espérance se poursuit, impactant toujours les délais et les coûts du fret maritime. En effet, la mer Rouge est un corridor stratégique du commerce international, en particulier pour les échanges de marchandises entre l’Asie, l’Europe et l’Afrique via le canal de Suez. Cette zone subit depuis novembre 2023 des attaques menées par les rebelles Houthis contre des navires marchands.
Sommaire de l'article
1. Fret maritime : contexte et situation actuelle en mer Rouge
Le sud de la Mer Rouge, autour du détroit de Bab el-Mandeb, est devenu un point de tension majeur. Ce passage stratégique, reliant l'Asie, l'Europe et l'Afrique, subit régulièrement des attaques menées par les rebelles houthis basés au Yémen. Ces agressions ciblent les navires commerciaux, créant un environnement instable pour la navigation internationale.
Face à ces menaces, plusieurs compagnies maritimes ont suspendu temporairement le passage de leurs navires dans cette région pour protéger leurs équipages et leurs cargaisons. Cette décision, bien que nécessaire pour la sécurité, perturbe considérablement les chaînes d'approvisionnement mondiales. Lire l'article du Monde pour en savoir plus ▸
Début juillet 2025, deux nouvelles attaques ont visé les navires marchands. Ces navires n'étaient pas liés à Israël, mais les Houthis ont revendiqué ces actes comme un moyen de pression contre le blocus imposé à Gaza.
2. Impact économique sur le canal de Suez et les routes maritimes
Les perturbations en Mer Rouge ont un impact économique direct sur le canal de Suez. Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a déclaré en mars 2025 que les pertes mensuelles de revenus liées au canal de Suez atteignaient environ 800 millions de dollars. Il avait déjà indiqué en décembre 2024 une perte annuelle estimée à 7 milliards de dollars. Pour en savoir plus, lire cet article : Egypt Suez Canal monthly revenue losses at around $800 million.
A l'inverse, les expéditions via le cap de Bonne-Espérance ont augmenté de 89% à mi-2024, selon un rapport de la CNUCED. D'après AP News dans un article du 14 juillet 2025, les experts estiment que ce contournement par le cap de Bonne-Espérance pourrait se poursuivre jusqu’à fin 2025 au minimum.
3. Chronologie des attaques en mer rouge
- 19 nov. 2023 : premières attaques recensées. Ces actions, motivées par un soutien affiché aux Palestiniens dans le conflit israélo-gazaoui, ont ciblé des navires commerciaux, notamment ceux liés à Israël. Lire Mer Rouge des attaques bouleversent le commerce mondial
- 19 janvier 2025 : un cessez-le-feu à Gaza a ravivé l'espoir d'une reprise du trafic maritime dans la région. Cependant la situation sécuritaire reste fragile. La zone demeure classée à haut risque par les compagnies d'assurance maritime. Lire l'article Yémen : un cessez-le-feu entre les houthistes et les Etats-Unis.
- 6 mai 2025 : cessez-le-feu partiel entre les Houthis et les États-Unis. Lire l'article du New York Times pour en savoir plus.
- Juillet 2025 : deux attaques ont visé les navires Magic Seas (abandonné en mer après une attaque au drone) et Eternity C (coulé par un engin explosif). Ces navires n'étaient pas liés à Israël, mais les Houthis ont revendiqué ces actes comme un moyen de pression contre le blocus imposé à Gaza. Pour en savoir plus, lire Red Sea insurance soars after deadly Houthi ship attacks
Malgré des tentatives de désescalade, la sécurité dans la zone reste instable. Les compagnies maritimes et assureurs considèrent toujours cette route comme risquée. Certaines compagnies évoquent des passages sous escorte, mais ces initiatives restent marginales et ponctuelles.
4. Perspectives d’un retour au canal de Suez
La reprise des transits via le canal de Suez nécessitera une baisse durable des tensions et des garanties en matière de sécurité. Les conditions de reprise dépendront également de la réorganisation des services et de la coordination logistique entre les parties prenantes.
Parallèlement, l'Égypte a entrepris des travaux d'expansion du canal de Suez pour améliorer sa capacité et sa sécurité. La nouvelle section de 10 km près du lac Amer a été testée avec succès et devrait être opérationnelle au premier trimestre 2025. La longueur totale de la section à double sens est ainsi portée à 82 kms. Le Canal de Suez mesure au total 193 kms.
Cette extension vise à faciliter le transit et à renforcer la résilience du canal face aux défis futurs. Lire aussi cet article : l'extension du canal de Suez est opérationnelle pour en savoir plus.
5. Détournement par le cap de Bonne-Espérance
Depuis novembre 2023, la majorité des flux Asie-Europe contournent l’Afrique via le cap de Bonne-Espérance. Ce détour prolonge les délais de transit, augmente la consommation de carburant (+18 % selon une compagnie maritime majeure), et alourdit les coûts logistiques, notamment les primes d'assurance en raison des risques.
L’imprévisibilité des conditions en mer Rouge empêche une planification fiable des itinéraires. Cette route alternative est donc devenue la norme pour de nombreux armateurs.
6. Mer Rouge : conséquences sur le transport de fret
Cette situation entraîne des conséquences directes sur le prix du transport maritime et la qualité de service, notamment depuis ou vers l'Asie, le Moyen-Orient, le sous-continent indien, et l'Europe, en plus d'impacter les routes qui ont déjà été déroutés du canal de Panama vers la Mer Rouge.
Bien que le Canal de Panama puisse offrir une solution alternative, sa capacité est limitée suite à la réduction du nombre de transits par l’Autorité du Canal. Une congestion due en grande partie à la sécheresse au canal de Panama.
- Augmentation des prix du transport de fret maritime : nous constatons une hausse significative des taux de fret, l'introduction de surcharges par la plupart des compagnies, suivie d'une augmentation générale des tarifs qui pourrait se poursuivre au moins jusqu'au Nouvel An chinois.
- Impact sur les délais de livraison : la modification des itinéraires allonge notablement les temps de transit, en particulier sur les axes commerciaux entre l'Asie et l'Europe. Selon les ports concernés, cet allongement peut varier entre 7 et 20 jours supplémentaires sur les imports depuis l'Asie, dépendamment des ports d'origine et de destination. Le transit time supplémentaire pour Marseille-Fos avoisinera les 20 jours.
- Conséquences sur les coûts d'exploitation : l'allongement des trajets maritimes entraîne une hausse de la consommation de carburant qui représentent environ 30 % des coûts opérationnels des compagnies maritimes. Cette augmentation pourrait se traduire par des surcharges additionnelles ou une hausse des taux de fret.
- Equipements conteneurisés et capacités de chargement : les opérateurs doivent anticiper un manque de disponibilité des équipements, notamment sur l'export Asie vers l'Europe. Les capacités de chargement pourraient donc être affectées.
- Augmentation des primes d'assurance : les risques accrus dans la région de la mer Rouge se reflètent dans une hausse significative des primes d'assurance spéciales de guerre. Ces coûts supplémentaires sont une conséquence directe des incertitudes sécuritaires actuelles.
Les services perturbés concerneront principalement les liaisons entre l'Europe, le Moyen-Orient et l'Afrique, où les ports de la Méditerranée jouent fréquemment le rôle de points de transit clés. Les routes maritimes reliant l'Asie à la côte Est américaine pourraient aussi être affectées, étant donné que de nombreuses compagnies maritimes privilégient actuellement cette voie pour contourner la congestion observée au canal de Panama (suite à la réduction du nombre de transits annoncée par l’Autorité du Canal de Panama).
7. Recommandations pour les importateurs et exportateurs
Face aux défis actuels en Mer Rouge, il est recommandé aux entreprises d’import-export de prendre les mesures suivantes pour adapter leurs stratégies logistiques :
- Planifier avec anticipation : nous vous invitons à prendre en compte des retards potentiels et ajuster vos stratégies logistiques en conséquence.
- S'adapter aux Fluctuations des coûts : cette situation va engendrer une hausse des taux de fret et autres coûts relatifs aux acheminements de fret dus aux changements d'itinéraires et aux assurances.
- Rester Informé : n'hésitez pas à suivre de près l'évolution de la situation en mer Rouge et à consulter nos articles pour prendre des décisions éclairées.
En résumé, l'instabilité en Mer Rouge pose des défis significatifs pour le commerce international, nécessitant une adaptation continue des stratégies logistiques et budgétaires des acteurs du transport maritime. Face à cette situation en constante évolution, nos experts se tiennent à disposition pour vous accompagner dans l’optimisation de vos opérations.
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