Mer Rouge : attaques de navires marchands et conséquences sur le fret maritime

1. Contexte et situation actuelle en mer Rouge

2. Impact économique sur le canal de Suez et les routes maritimes

3. Chronologie des attaques depuis novembre 2023

4. Reprise progressive du trafic via le canal de Suez

5. Détournement par le cap de Bonne-Espérance

6. Conséquences sur le transport de fret

7. Recommandations pour les acteurs du commerce international

Le sud de la Mer Rouge, autour du détroit de Bab el-Mandeb, est devenu un point de tension majeur. Ce passage stratégique, reliant l'Asie, l'Europe et l'Afrique, subit régulièrement des attaques menées par les rebelles houthis basés au Yémen. Ces agressions ciblent les navires commerciaux, créant un environnement instable pour la navigation internationale.
 

Face à ces menaces, plusieurs compagnies maritimes ont décidé de suspendre temporairement le passage de leurs navires dans cette région pour protéger leurs équipages et leurs cargaisons. Cette décision, bien que nécessaire pour la sécurité, perturbe considérablement les chaînes d'approvisionnement mondiales.

Lire l'article du Monde pour en savoir plus ▸
 

Les perturbations en Mer Rouge ont un impact économique direct sur le canal de Suez. Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a déclaré en mars 2025 que les pertes mensuelles de revenus liées au canal de Suez atteignaient environ 800 millions de dollars, en raison de la situation. Sissi avait déjà affirmé en déc. 2024 que ces perturbations avaient entraîné une perte d’environ 7 milliards de dollars de recettes pour l’Égypte sur l’année 2024. Pour en savoir plus, lire cet article : Egypt Suez Canal monthly revenue losses at around $800 million.

A contrario, les expéditions via le cap de Bonne-Espérance ont augmenté de 89% à mi-2024, selon un rapport de la CNUCED.
 

Selon un article AP News du 14 juillet 2025, les experts estiment que ce contournement massif par le cap de Bonne-Espérance pourrait se prolonger jusqu’à mi-2025, voire au-delà, en raison de l’insécurité persistante.

Début juillet, deux attaques ont visé les navires Magic Seas (abandonné en mer après une attaque au drone) et Eternity C (coulé par un engin explosif). Ces navires n'étaient pas liés à Israël, mais les Houthis ont revendiqué ces actes comme un moyen de pression contre le blocus imposé à Gaza.

Pour en savoir plus, lire cet article : Red Sea insurance soars after deadly Houthi ship attacks

Malgré un accord de cessez-le-feu entre les États-Unis et les Houthis, négocié par Oman et effectif depuis le 6 mai 2025, qui a entraîné une baisse des attaques de missiles et de drones, les grandes compagnies maritimes mondiales restent très prudentes. Elles estiment qu'il est encore trop tôt pour reprendre leurs transits habituels par la mer Rouge.

En effet, le cessez-le-feu ne s'étend pas à Israël, et les Houthis ont déclaré qu'ils continueraient leurs opérations contre les cibles israéliennes tant que les opérations militaires à Gaza ne cesseront pas. Cette position vise à rassurer les opérateurs maritimes internationaux, bien que la prudence reste de mise en raison des tensions persistantes dans la région.
Lire l'article du New York Times pour en savoir plus >

Un cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur le 19 janvier 2025, a ravivé l'espoir d'une reprise du trafic maritime dans la région. Cependant, malgré cet accord, la situation sécuritaire reste fragile et incertaine. La zone demeure classée à haut risque par les compagnies d'assurance maritime, ce qui complique une reprise immédiate du trafic maritime via la mer Rouge et le canal de Suez.

Les rebelles Houthis du Yemen, acteurs majeurs du conflit, ont annoncé qu'ils limiteront leurs attaques aux navires affiliés à Israël, tout en avertissant que des actions plus larges pourraient reprendre en cas de violations du cessez-le-feu. Dans ce contexte, les compagnies maritimes et les assureurs continuent de percevoir cette zone comme hautement risquée, maintenant des primes d'assurance élevées et recommandant des itinéraires alternatifs pour limiter les risques.

Certaines compagnies maritimes ont évoqué la possibilité de passages sous escorte militaire, une mesure qui, bien qu’encore limitée, pourrait rassurer les acteurs du secteur. Néanmoins, cette option semble relever davantage d'une mesure temporaire que d'une solution durable. Elle n’offre pas, à ce stade, les garanties nécessaires pour une reprise fluide et sécurisée des flux commerciaux à travers le canal de Suez.

La réouverture de cette route stratégique via le canal de Suez sera progressive et nécessitera des ajustements importants pour garantir la sécurité des itinéraires empruntés. Cette transition impliquera notamment un repositionnement des navires sur chaque service Asie/Europe, afin d’assurer une gestion efficace des flux.

Ce retour progressif entraînera des perturbations logistiques majeures : congestions portuaires, désorganisation des flux, et variations des tarifs de fret. Malgré les efforts des compagnies maritimes pour anticiper cette transition, il est essentiel de souligner que ces ajustements prendront du temps et nécessiteront une coordination étroite entre les autorités locales, les assureurs et les opérateurs.
 

Parallèlement, l'Égypte a entrepris des travaux d'expansion du canal de Suez pour améliorer sa capacité et sa sécurité. Une nouvelle section de 10 km près du lac Amer a été testée avec succès en décembre 2024 et devrait être opérationnelle au premier trimestre 2025. Cette extension vise à faciliter le transit et à renforcer la résilience du canal face aux défis futurs.

Depuis novembre 2023, la navigation en mer Rouge s'effectue de manière sporadique, avec des décisions de transit spécifiques à chaque navire. Cette situation fait suite aux attaques des rebelles Houthis du yemen contre des navires marchands, dont les premières ont été signalées le 19 novembre 2023 et à l’instabilité majeure dans la région.

L'imprévisibilité des conditions ne permet pas de planifier les itinéraires à l'avance.

Lorsqu'un passage par la mer Rouge n'est pas envisageable, les compagnies maritimes reliant l'Asie et l'Europe privilégient la route alternative visant à contourner l'Afrique, par le Cap de Bonne-Espérance. Cette déviation, bien qu’assurant une plus grande sécurité, allonge considérablement le transit selon la destination finale et entraîne des coûts supplémentaires significatifs pour les armateurs. Par exemple, Maersk a signalé une hausse de 18 % de la consommation de carburant au deuxième trimestre 2024 par rapport à l'année précédente, conséquence de ces trajets plus longs.

Cette augmentation des coûts inclut également des primes d'assurance élevées, dues aux risques accrus dans la région.

Cette situation entraîne des conséquences directes sur le prix du transport maritime et la qualité de service, notamment depuis ou vers l'Asie, le Moyen-Orient, le sous-continent indien, et l'Europe, en plus d'impacter les routes qui ont déjà été déroutés du canal de Panama vers la Mer Rouge.

En effet, bien que le Canal de Panama puisse offrir une solution alternative, sa capacité est limitée suite à la réduction du nombre de transits par l’Autorité du Canal de Panama. Cette congestion est due en grande partie à une sécheresse prolongée qui a entraîné des restrictions de trafic et des files d'attente importantes. En savoir plus sur la sécheresse au canal de Panama ici.
 

Les services perturbés concerneront principalement les liaisons entre l'Europe, le Moyen-Orient et l'Afrique, où les ports de la Méditerranée jouent fréquemment le rôle de points de transit clés. Les routes maritimes reliant l'Asie à la côte Est américaine pourraient aussi être affectées, étant donné que de nombreuses compagnies maritimes privilégient actuellement cette voie pour contourner la congestion observée au canal de Panama (suite à la réduction du nombre de transits annoncée par l’Autorité du Canal de Panama).
 

Face aux défis actuels en Mer Rouge, il est recommandé aux entreprises d’import-export de prendre les mesures suivantes pour adapter leurs stratégies logistiques :

• Planifier avec anticipation : nous vous invitons à prendre en compte des retards potentiels et ajuster vos stratégies logistiques en conséquence.
• S'adapter aux Fluctuations des coûts : cette situation va engendrer une hausse des taux de fret et autres coûts relatifs aux acheminements de fret dus aux changements d'itinéraires et aux assurances.
• Rester Informé : n'hésitez pas à suivre de près l'évolution de la situation en mer Rouge et à consulter nos articles pour prendre des décisions éclairées.

En résumé, l'instabilité en Mer Rouge pose des défis significatifs pour le commerce international, nécessitant une adaptation continue des stratégies logistiques et budgétaires des acteurs du transport maritime. Face à cette situation en constante évolution, nos experts se tiennent à disposition pour vous accompagner dans l’optimisation de vos opérations.