Attaques de navires marchands en Mer Rouge : quels impacts sur le Fret Maritime ?
L'instabilité en Mer Rouge, corridor maritime essentiel pour le commerce international, a des répercussions directes sur les activités d'import-export de marchandises. Les attaques menées par des groupes armés, notamment les rebelles houthis, ont incité la plupart des compagnies maritimes à suspendre leurs trajets via cette zone. Ces perturbations entraînent une réorganisation globale des routes maritimes et des hausses de coûts importantes.
Les tensions en Mer Rouge et leurs effets sur le transport maritime
La mer Rouge, en particulier sa zone sud autour du détroit stratégique de Bab el-Mandeb, est devenue un point de tension majeur en termes de sécurité maritime. Ce passage, essentiel pour relier l’Asie, l’Europe et l’Afrique, subit régulièrement des attaques de groupes armés, notamment les rebelles Houthis, qui opèrent à partir du Yémen. Ces attaques qui ciblent les navires commerciaux, créent un environnement instable pour la navigation internationale.
Face à ces menaces, les principales compagnies maritimes, soucieuses de protéger leurs équipages et leurs cargaisons, ont pris la décision de suspendre temporairement leur passage par la mer Rouge. Cette décision, bien que nécessaire pour la sécurité, a entraîné des perturbations majeures dans les chaînes d’approvisionnement mondiales.
Point de situation : déviation par le cap de Bonne-Espérance
Point de situation au 1er septembre 2024 :
Depuis plus de 10 mois, les compagnies maritimes qui relient l'Asie à l'Europe doivent contourner la mer Rouge en empruntant la route du cap de Bonne-Espérance. Cette déviation, inévitable pour des raisons de sécurité, impacte l'efficacité opérationnelle des navires. Par exemple, Maersk a signalé une augmentation de 18 % de la consommation de carburant au deuxième trimestre 2024 par rapport à la même période en 2023, en raison de l'allongement des itinéraires. Ces coûts supplémentaires incluent également des primes d'assurance plus élevées, dues à l'augmentation des risques dans la région.
Des discussions entre compagnies maritimes et autorités concernant les attaques en mer Rouge sont menées. Elles incluent notamment la possibilité de mettre en place des convois maritimes sécurisés pour réduire les risques d'attaques et permettre un retour à des transit time plus courts. Cependant, à ce jour, aucune décision concrète n’a été finalisée, les compagnies maritimes pesant encore les coûts importants liés à la sécurisation de ces convois.
Point de situation au 1er mars 2024 :
La reprise de la navigation en mer Rouge s'effectue de manière sporadique, avec des décisions de transit spécifiques à chaque navire. L'imprévisibilité des conditions ne permet pas de planifier les itinéraires à l'avance. Lorsqu'un passage par la mer Rouge n'est pas envisageable, les navires prennent la route alternative visant à contourner l'Afrique via le Cap de Bonne-Espérance.
Mer Rouge : conséquences sur le transport de fret
Cette situation entraîne des conséquences directes sur le prix du transport maritime et la qualité de service, notamment depuis ou vers l'Asie, le Moyen-Orient, le sous-continent indien, et l'Europe, en plus d'impacter les routes qui ont déjà été déroutés du canal de Panama vers la Mer Rouge en raison de la sécheresse au canal de Panama.
- Adaptation des itinéraires maritimes : avec l'accès restreint à la mer Rouge, les opérateurs maritimes doivent trouver des alternatives. Parmi les options envisagées, le passage par l'Afrique via le Cap de Bonne-Espérance.
- Impact sur les délais de livraison : la modification des itinéraires allonge notablement les temps de transit, en particulier sur les axes commerciaux entre l'Asie et l'Europe. Selon les ports concernés, cet allongement peut varier entre 7 et 20 jours supplémentaires sur les imports depuis l'Asie, dépendamment des ports d'origine et de destination. Le transit time supplémentaire pour Marseille-Fos avoisinera les 20 jours.
- Conséquences sur les coûts d'exploitation : l'allongement des trajets maritimes entraîne une hausse de la consommation de carburant qui représentent environ 30 % des coûts opérationnels des compagnies maritimes. Cette augmentation pourrait se traduire par des surcharges additionnelles ou une hausse des taux de fret.
- Equipements conteneurisés et capacités de chargement : les opérateurs doivent anticiper un manque de disponibilité des équipements, notamment sur l'export Asie vers l'Europe. Les capacités de chargement pourraient donc être affectées.
- Augmentation des primes d'assurance : les risques accrus dans la région de la mer Rouge se reflètent dans une hausse significative des primes d'assurance spéciales de guerre. Ces coûts supplémentaires sont une conséquence directe des incertitudes sécuritaires actuelles.
Les services perturbés concerneront principalement les liaisons entre l'Europe, le Moyen-Orient et l'Afrique, où les ports de la Méditerranée jouent fréquemment le rôle de points de transit clés. Les routes maritimes reliant l'Asie à la côte Est américaine pourraient aussi être affectées, étant donné que de nombreuses compagnies maritimes privilégient actuellement cette voie pour contourner la congestion observée au canal de Panama (suite à la réduction du nombre de transits annoncée par l’Autorité du Canal de Panama).
Augmentation des prix du transport de fret maritime
Surcharges
Nous constatons une hausse significative des taux de fret, l'introduction de surcharges par la plupart des compagnies, suivie d'une augmentation générale des tarifs qui pourrait se poursuivre au moins jusqu'au Nouvel An chinois.
Baisse des capacités
Egalement, nous vous informons que la plupart des voyages vers l'ouest en provenance d'Asie sont déjà complets jusqu'au Nouvel An chinois qui aura lieu le 10 février 2024.
Certaines compagnies maritimes indiquent même ne plus disposer d'espaces disponibles à la réservation jusqu'à la fin du mois de février.
Recommandations pour les acteurs du commerce international
Les attaques des rebelles Houthis en mer Rouge continuent de menacer la sécurité des cargaisons, malgré la présence d'une force maritime internationale. La liberté de navigation reste un enjeu majeur, avec des implications géopolitiques et économiques importantes.
Face à ces défis, nous conseillons aux entreprises impliquées dans l'import-export de :
- Planifier avec anticipation : nous vous invitons à prendre en compte des retards potentiels et ajuster vos stratégies logistiques en conséquence.
- S'adapter aux Fluctuations des coûts : cette situation va engendrer une hausse des taux de fret et autres coûts relatifs aux acheminements de fret dus aux changements d'itinéraires et aux assurances.
- Rester Informé : n'hésitez pas à suivre de près l'évolution de la situation en mer Rouge et à consulter nos articles pour prendre des décisions éclairées.